mercredi 24 novembre 2010

Départ pour le Nord Ouest du Vietnam: Bac-Ha et ses environs

Pour arriver à Bac-Ha, nous avons réservé un train de nuit première classe, car comme dit Yves, faut pas déconner non plus. Les couchettes sont très dures, mais ça c'est souvent comme ça ici. Sinon tout est clean et bien organisé. Je dois dire que vu le bronx qui règne à la gare centrale de Hanoï je suis plutôt contente que nous nous soyons faits accompagner. On fait un peu baroudeurs au rabais mais au moins on arrive à peu près à destination. Pour notre défense, quand j'ai lu dans le guide qu'il y avait 3 gares différentes selon les billets, j'ai un peu stressé, du coup on est parti en bus avec les autres touristes depuis l'agence.

La plupart des touristes vont sur Sapa, ancienne station climatique. Nous avons choisi Bac-ha, car mon frangin, Fred ze grand voyageur, m'a conseillé d'aller un poil à côté des grands rendez-vous touristiques. Comme notre Lonely confirme sa vision, nous optons pour les hauts plateaux version plus sauvage. L'idée est d'admirer les paysages de rizières, les montagnes dans la brume et de visiter les marchés locaux pour admirer les femmes Hmong fleurs et leurs tenues colorées. Nous avons réservé au Congfu Hotel pour une semaine. Au fil des jours on peut lire un peu d'interrogation dans les regards des gens que nous rencontrons: une semaine à Bac-Ha? Mais pourquoi faire, il y a seulement le marché du dimanche et puis c'est tout! On verra bien, on a le temps. Et découvrir une ville en dehors de son trafic habituel dominical me semble intéressant. Le Lonely dit que la semaine la ville sommeille... je vends le concept à Yves en lui disant qu'un peu de calme ne nous ferra pas de mal...

Enfin bref, après une nuit balottés dans un train bruyant on arrive à Lao Cai, ville terminus. A peine sur le quai tout le monde nous tombe dessus, les guides cherchent leurs clients aux tours organisés. On s'échappe pour aller déjeuner en face de la gare. Les prix sont plus chers qu'à Hanoï et la carte visiblement pour les touristes. Tant pis, on est trop nazes pour chercher autre chose...

Finalement le serveur est plutôt sympa et après avoir discuté le coup avec lui, il nous informe que le bus local pour Bac-Ha s'arrête pile poil en face du resto et qu'il arrive dans 20 minutes. Hop, ni une ni deux, on se décide pour sauter dedans. Le petit bus a une contenance de 20 personnes et les places sont déjà toutes occupées. Mais pas de problème, on nous embarque nos sacs on les emplile sur les sacs de riz et une femme fait déplacer tout le monde pour qu'on ait des places. En gros tout le monde se serre, genre deux par place. Un peu gênés on remercie 1000 x tout le monde et on suit le mouvement. Quelques rues plus loin, le bus embarque du matériel, paquets, câbles, sacs, pneus sur le toit, et de nouvelles personnes montent. On s'entasse de plus en plus. Je prends Arno sur les genoux et Timo prend un des sacs sur les genoux. Il a déjà des paquets sous les pieds. Dire qu'il y a 3 heures de route... Je ris de la situation, surtout quand j'entends Yves derrière qui commence à se dire qu'ils exagèrent. On commence à prendre la route de montagne. Buffles, mobylettes, voitures, ça circule dans tous les sens. Comme on est plus gros on a la priorité à grands coups de klaxons. Les gens continuent à monter dans le bus au fur et à mesure du trajet. Quand on est 45, Yves me dit là, c'est plus possible on est complet! Mais non, on finit le trajet avec encore quelques montagnardes, bébé sur le dos. Le problème c'est qu'elles ne supportent pas le bus. Ma voisine de gauche vomit quatre fois sur le trajet dans un petit sac qu'il faut faire passer jusqu'à ce que quelqu'un le jette sur la route. Celle qui est assise sur les pieds de Timo vomit aussi. Charmant. Quand a la voisine d'Yves elle se mouche également dans un petit sac transparent. L'image de la moque accumulée au fil des heures ravit mon chéri... Les femmes Hmong qui ont leur bébé réussissent à les allaiter debout pendant le trajet, en gros elles alternent vomis, allaitement, soin au bébé, tout en gardant le sourire et en papotant. C'est un peu la quatrième dimension, sans compter qu'à chaque arrêt il faut décharger du matériel, en remettre du nouveau, donc tout le monde ressort du bus et se réinstalle, sous les ordres d'une femme énergique qui tire les manches, pousse, entasse, déplace, et se retrouve agrippée à l'extérieur du bus avec son assistant.

En route, je prie mes gentils petits anges de nous faire arriver sains et saufs car en cas d'accident, c'est sûr qu'on meurt étouffés sous les sacs de riz et les jupes des femmes Hmong... Finalement, on arrive sans problème à destination et visiblement tout le monde a l'habitude de ce genre de transport. Je déplie mes jambes complètement ankylosées, j'extirpe Arno d'un monsieur qui s'est avachi dessus et je calme Timo qui s'excite un peu... Yves sort de là complètement bloqué en jurant qu'on ne l'y reprendra plus ...

On est à Bac-Ha. Petite ville locale de 7000 habitants, chef-lieu d'une région essentiellement rurale et composée d'ethnies montagnardes. On est samedi, on trouve notre hôtel, on s'installe et on part à la recherche de quelque chose à  manger. Comme on ne comprend rien à notre petite carte Lonely on se balade au hasard à la recherche d'un resto. Finalement on mange chez l'habitant un délicieux repas composé de riz, poisson, omelette, tofu et tomates. Arno mange de tout, il est affamé. Tant mieux! Le tout nous coûte à peine 6 francs...

On part découvrir les environs. Au pied du barrage, un chien et une poule flottent, morts. Arno a du mal à comprendre pourquoi ils sont là et ça le travaille. On observe un chantier local, fabrication de briques, ossature bois, les femmes travaillent sur les chantiers comme les hommes. D'ailleurs ici on voit bien que les hommes et les femmes sont polyvalents. Les femmes travaillent partout, les hommes aussi. Ce sont souvent les grands-parents qui s'occupent des enfants, quand ils ne vont pas à l'école.

Femme Hmong au marché de Bac-Ha
Le dimanche matin c'est le marché. Des bus remplis de touristes débarquent, pour admirer les tissus, les bols en bambous magnifiques et les assiettes laquées. On se promène aussi au marché aux bestiaux, buffles, chevaux, bébé chiens. Il y a un monde fou. Les femmes nous demandent d'acheter leur sacs cousus main. Finalement on achète des petites choses. J'avoue que la vaisselle est tellement belle que je suis tentée. Mais on n'a pas de place et ce n'est pas le moment. J'ai une pensée pour Carole, je suis sûre qu'elle aurait adoré cette vaisselle colorée pour ses petits plats asiatiques. On négocie un peu les prix mais pas trop, de toute façon c'est vraiment bon marché.

Le lendemain la ville est quasi déserte! On se balade et on se décide pour réserver deux excursions avec une agence recommandée dans le Lonely. Une le mardi et l'autre le jeudi. Comme on repart vendredi, cela nous permet de visiter la région. Notre jeune guide Thao parle assez bien anglais et se révèle sympa et convivial. On passe une bonne journée avec lui, malgré la pluie et la brume (et le fait qu'on soit partis sans veste de pluie, en laissant nos affaires non fermées à clef, qu'Arno n'est pas du tout habillé pour les circonstances et que je n'ai même pas pris ma petite trousse de survie de base. Bref, la famille mal organisée ;-) .

Tant pis. On part en jeep accompagné d'un super chauffeur et vu l'état des routes je le remercie à chaque virage complexe! On plaisante il me dit qu'il est Michael Schumacher. On arrive au marché de Coc Ly, plus rural que celui de Bac-ha et ensuite on descend la rivière Chay en petit bateau. Il n'y a pas beaucoup de monde, c'est agréable, malgré le temps. Arrêt dans une grotte, un petit village et dans un resto avant de rentrer. Les paysages sont très verts, il y a de nombreux petits villages aux alentours avec des champs de maïs et de riz. Les récoltes sont finies, les paysans s'occupent de brûler les terres et de réparer leurs maisons. Thao m'explique que les hommes ici boivent beaucoup d'alcool de maïs et qu'ensuite ils rentrent en rampant tellement c'est fort. Cela le fait rire. De son côté il apprend un peu de français sur Internet et a plein de projets. Il aime sa région et se montre un bon guide. On passe de bons moments, les enfants sont contents, la vie est belle.

Jeudi on le retrouve pour un petit treck à pied pour découvrir les environs.

Un site utile pour Bac-Ha.
Les références de notre petite agence locale: aller au Hoang Vu hotel et demander Monsieur Nghe, avec le Lonely sous le coude pour avoir de bons prix.
PS: pour réserver un hôtel, il faut téléphoner car ils n'ont pas de site et ne répondent pas toujours aux emails. Vous trouverez les infos sur le site mentionné ci-dessus. A titre d'exemple une chambre double au CongFu hotel nous a coûté 18 dollars, ou 360'000 Dongs la nuit, sans ptit déj.

Je poste les photos dans le prochain message ;-)

7 commentaires:

  1. WHaou que de couleurs! Mille bisous!

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  2. Finalement, le bus pour Siwa c'est de la tarte à côté du bus pour Bac Ha ! J'ai adoré cet article, je vous imagine tellement bien ! Bises à toute la smala !

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  3. Génial, j'adore te lire! Et j'aime tout particulièrement l'anecdote du trajet en bus! J'en ai une semblable en mémoire. Au Kenya, on avait aussi pris le bus local, mon père s'était fait vomir dessus et mordre par une poule, mythique. "Plus on en chie, plus c'est beau" dit l'adage, ça se sont les souvenirs qui restent pour toujours!
    Bon voyage et à tout +

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  4. Comme c'est cool! Dans ma grisaille hivernale, c'est un vrai rayon de soleil que de lire vos aventures. J'aimerais bien tester le coup du sac de moque dans le métro! Ca doit faire de la place aux heures de pointe..
    Les Becots!
    Naila

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  5. Bon, je viens de rajouter Bac-Ha sur ma To Do List Vietnam. De plus, ça me dirait bien un stage de portage en écharpe chez les femmes Hmong... ;-)
    Bonne suite de voyage!

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  6. coucou,
    tu décris tellement bien votre trajet en bus que ça me fait rire de vous imaginer!!! mythique le coup de l'allaitement et du vomi (avec le sourire en plus!) gros becs à tous les 4! Amy

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  7. @ tous: merci pour vos messages! oui c'était carrément un super souvenir, après coup ;-) En fait j'étais morte de rire pendant le trajet, car c'est la seule chose à faire dans ces moments!!

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