lundi 14 février 2011

De Siem Reap au Laos, on ze road !

« On va remonter le nord du Cambodge jusqu’au Laos, en passant par des petites destinations, tu verras ce sera l’aventure ! »

Chéri, toujours conciliant de prime abord, me fait confiance… Pendant quelques jours on se la joue baroudeurs. La route, la surprise de découvrir des lieux peu fréquentés par les touristes, le plaisir de voir de nouvelles choses, aller à la rencontre des gens, l’authentique, dénicher des endroits où déguster une spécialité locale. A nous aussi les heures d’attente bien chaudes aux arrêts de bus, la clim défectueuse ou inexistante (il fait très chaud) et la musique sirupeuse à fond, les bosses de la route, les brusques écarts dus aux vaches qui traversent, impassibles, les sièges inconfortables. A nous les petites guesthouse parfois sans fenêtre, sans clim’, le riz frit, les petits déj’ à base de baguette souvent sèche ou de soupe de riz, mais aussi et surtout les lieux riches d’histoire, les petits villages et les rencontres merveilleuses.

Première étape Kompong Thom. Même les locaux sont surpris qu’on y fasse halte. On prend le seul tuk tuk de la ville pour rejoindre une petite guesthouse, simple et propre. Le petit déj’ se prend en face, soupe de nouille et café. Un paquet de LU de réserve sauve les enfants. La ville est petite, on trouve un petit resto correct pour le soir, le Bayon et on se balade. On croise au marché local deux cyclistes européens qui nous demandent avec insistance si on connaît un « night club » dans le coin. Euh, pas à notre connaissance, mais il y a des super chauve souris géantes juste là-derrière, proches du fleuve et des magnifiques temples plus loin sur la route… S’en foutent, veulent des filles… Timo en rit encore !

Le lendemain on escalade les 870 marches de la montagne sacrée, en distribuant notre monnaie locale aux nombreux mendiants assis le long des escaliers. En haut une colonie de petits singes se bagarrent pour nos fruits secs et nos bananes, pour la plus grande joie des enfants. La montée vaut le détour, les temples sont beaux et l’atmosphère respire la sérénité. Au retour on s’arrête au village des sculpteurs de pierre, mais on tombe mal, c’est la pause déjeuner et visiblement les seuls villageois disponibles n’ont pas très envie de causer, ils nous tournent le dos lorsqu’on tente une approche conviviale. On repart un peu déçus car on voulait montrer aux enfants ce magnifique métier. Tant pis. Pas si facile de se balader sans guide dans ces régions.

Après une nuit de sommeil, on continue notre route sur Kompong Cham, en comptant notre argent. Cela fait six jours qu’on vit sur notre réserve car ici on paie comptant. Et les rares bancomat trouvés en chemin sont vides depuis qu’on a quittés la capitale. Timo nous passe son argent de poche pour paye le bus et on décide qu’Yves fera peut-être un aller retour sur Phnom Penh si on ne trouve pas une solution à Kompong Cham. Dieu merci, on peut enfin retirer des sous. On en prend assez, surtout en prévision du Laos. On en planque partout sur nous, merci les pantalons de voyage bourrés de poches secrètes ingénieuses et tant pis pour le look et les plis.

Pour notre plus grand plaisir notre hôtel est à côté du restaurant associatif Smile, réputé pour ses bons petits plats. Les jeunes gens (orphelins et atteints du HIV) qui nous servent sont en programme de formation dans la restauration. L’accueil est parfait, le service aussi et la nourriture délicieuse. On en profite ! Les enfants ont aussi le plaisir de jouer avec un petit français rencontré sur place. Dans ces moments, je réalise combien leurs amis leur manquent. Ce n’est pas toujours évident de jouer avec d’autres enfants. Timo est grand, les gens d’ici pensent qu’il a 15 ou 16 ans alors ses contacts se résument en douces œillades de jeunes filles qui gloussent quand elles le voient… et Arno est tellement timide que ses contacts sont rares.

A Kompong Cham on se rend à l’ONG Amica où on passe un bon moment à découvrir la vie villageoise en compagnie de l’instituteur. (Les photos sont ici). Cueillette des champignons, récolte du riz, école, tissage, on découvre des tas de facettes de la vie quotidienne locale et les habitants nous accueillent très gentiment. A la sortie du village on achète deux kramas tissés au village (les foulards typiques à carreaux, symboles de l’identité khmère) et deux ou trois babioles pour soutenir l’ONG.

On repart en bus (encore !) sur Kratié pour une nuit. Arno commence à rouspéter sérieusement « maman, quand c’est qu’on reste plusieurs jours, j’en ai marre de tout le temps bouger… » « Pas tout de suite mon loulou, on va remonter jusqu’à la frontière et ensuite remonter tout le Laos ». Larmes du petit. Aïe, difficile de concilier les besoins d'Arno en terme de stabilité avec la vie d’aventures. Je cogite pour imaginer une solution. Nous faisons le projet de louer en mars un appartement lorsqu’on sera à Chiang Maï en Thaïlande. Mais Arno trouve le temps long jusqu’en mars. Pauvre loulou… Je tente une diversion avec une excursion pour aller voir les dauphins Irrawaddy sur le Mekong. Heureusement, c’est la bonne saison pour les observer et  on en voit passer quelques uns au large de notre barque (photos ici). Une équipe de moines est en visite sur place et on parle un moment ensemble avant de s’adonner à quelques poses photos. Je suis toujours subjuguée par la douceur et l’éclat de leur regard, quel que soit leur âge. Ici il est courant de devenir moine quelques années puis de réintégrer la vie courante. Certains jeunes font ce choix pour pouvoir étudier et pour l’honneur de la famille, facilitant ainsi leur réincarnation grâce à leurs bonnes actions. Tous semblent avoir une foi profonde. Le retour sur la ville se fait à la tombée de la nuit, à travers une campagne nettement plus riche que celle qu’on a traversée ces derniers jours, sèche est aride. L’avantage des paysans qui vivent au bord du fleuve c’est qu’ils bénéficient de récoltes de maïs et de légumes en complément du riz.

On s’arrête au pont de bambou de Kompong Cham et Timo me demande de le traverser à pied avec lui « pour le fun ». Il bouge sous nos pas et les mobylettes nous frôlent mais c’est un beau moment. Chaque année ils le reconstruisent. Puis on se boit un bon jus à base de branche de palme sur la jetée avant de rentrer. (Quelques photos ici)

Après une nuit où je suis malade (la nourriture, la chaleur ?) on repart sur les routes pour Stung Treng. Il nous faut organiser le passage pour la frontière et décider de notre périple au Laos. Après avoir échangé avec quelques touristes on décide de ne pas aller aux quatre mille îles, les baignades dans le Mekong ne sont pas recommandées et nous avons pu voir les dauphins à Kratié. On ira donc directement sur Paksé depuis Stung Treng. En fin de journée, je m’éclipse pour aller visiter les ateliers de fabrication de soie du Mekong Blue, association pour les femmes en difficulté. Je découvre tout le processus de fabrication et craque pour deux jolis foulards, en me disant que c’est pour la bonne cause…

Direction le Laos. Le bus est en retard, mais ça on commence à avoir l’habitude. Yves stresse un peu, mais le bus finit toujours par arriver. Après 56 kilomètres de paysages plats, désertiques et de zones incendiées, on arrive à la frontière. Le bus s’arrête et on attend bien gentiment en papotant. En réalité nos sacs sont sortis du bus sans qu’on le remarque et, après un bon moment, un mec débarque pour nous le faire remarquer. A coup de signes il nous fait comprendre que le passage se fait à pied. Et notre bus ? Pas de réponse… Les douaniers plaisantent, nous demande deux dollars par adulte et on traverse à pied jusqu’au poste du Laos où l’on remplit le document d’arrivée. Après un moment de paperasses et de queue, je demande à un gars du coin s’il sait où est le bus pour Paksé. Tout le monde embarque dans un bus qui va jusqu’à Don Det. Là, on est prié de descendre, sans explication. Il faut toujours se débrouiller pour comprendre ce qu’il se passe, où on est et à quelle heure part le prochain bus. Une heure après on prend le même bus duquel on a du sortir tous nos sacs (!) et c’est reparti. A l’arrivée est on fracassés, exténués et on sent franchement mauvais… Mais cela fait partie de l’aventure… L’hôtel à qui on a demandé une chambre est malheureusement complet. Il faut repartir, les sacs commencent à peser…Tout le monde râle et on a du mal à trouver deux chambres car les hôtels sont complets. On se rabat finalement sur un hôtel chinois un peu glauque, avec chambres vieillottes sans fenêtre (la hantise d’Yves) en étant soulagé d’avoir trouvé une autre solution pour les deux jours suivants. 

Le soir, le moral remonte après un bon massage pour tout le monde, y compris les enfants, et  un bon resto… On est au Laos !

Toutes les photos de nos périples et péripéties sont ici :-)

2 commentaires:

  1. Quelle aventure!!! J'essaie d'imaginer l'hôtel chinois...
    Gros bisou ma belle et merci de nous faire partager vos aventures!!! Vais te scanner les docs de physique pour Timo cette semaine.

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  2. Coucou, oui parfois c'est un peu hot :-), je rajoute quelques photos de la route et de la douane ci dessus, bisouxx et merci pour les photocopies pour Timo, ça nous aiderait bien.

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