mercredi 9 mars 2011

Voyager, tout lâcher, et un matin, se sentir en paix

Interlude introspectif et vaguement euphorique, pourtant promis on n'a rien consommé d'illégal …

Quand on est partis, il y a quelques mois, j’étais épuisée. Je ne le savais qu’à moitié, car tous les matins, je me levais et faisais ma journée comme tout le monde. Alors, c’était normal. Et puis, un matin, après 3 mois de voyage, je me suis réveillée, les enfants dormaient encore, chéri aussi, et soudain, étrangement, j’ai senti que j’étais bien, reposée. Sereine. Pas de stress. Pas de rendez-vous, de projets à rendre, d’examen à passer, de questions existentielles à résoudre.
Rien, un vide délicieux et parfait, profond. 12 ans que cela ne m’était pas arrivé.

Logique, c’est l’âge de Timo. La naissance d’un enfant, puis d’un deuxième, la vie de tous les jours, les années passées à jongler au mieux avec tout ce qui constitue le quotidien, comme tout le monde. On gratte quelques grasses mat’ –merci les grands-parents et les amis-, on s’enfuit un week-end en amoureux, mais à la longue, insidieusement, on fatigue.

Certains jours, d’ailleurs, tiennent de l’exploit. Le réveil sonne et on a le sentiment que c’est le milieu de la nuit. Il s’agit alors de trouver l’énergie de se lever, de se doucher – maquiller – coiffer - habiller, de lever les loulous, nourrir tout le monde, retrouver le sac de gym du grand, persuader le petit de mettre ses bottes de pluie, courir au boulot, enchaîner la journée, rentrer, vérifier les devoirs, monter une base de pirates Lego, les douches, le souper, répondre à un bête courrier, mettre une lessive en route, prendre le temps d’être avec chéri, se demander si on aura l’énergie de se transformer en pin-up sexy plus tard dans la soirée…La vie, en somme. Certains jours, donc, sont des petits exploits. On enchaîne les gestes, les choses et on se dit : je peux encore tirer sur la corde, ça tient toujours, dieu merci.
Malgré l’envie viscérale de se cacher sous le duvet et de ne parler avec personne. Juste un jour. Ou de tout envoyer balader et d’aller se faire une expo toute seule, un mardi après-midi, par exemple.
Un sentiment de culpabilité noue les tripes, car cette vie on l’a voulue, choisie et en plus, on a de la chance. Les enfants sont chouettes, en bonne santé et après 10 ans de vie commune, on s’aime toujours. Alors ??

Souvent, d’ailleurs, il suffit de petites choses, un fou rire avec une amie, un bon verre de vin partagé avec chéri, un moment de complicité avec les petits, des collègues sympas, un mot gentil du chef, une visite surprise, un bon bouquin, un rayon de soleil, un sourire, des vacances, et le moment de lassitude s’envole. Jusqu’au prochain, et ainsi de suite pendant quelques années.

Et puis, le grand changement, la décision de partir longtemps, loin de tout. Une année sans horaire, sans boulot, sans ménage, sans régime, sans brushing, sans impôts, sans talons, sans rien. Juste le plaisir de voyager, d’être ensemble, avec les enfants, de découvrir, de partager.

Et un matin, ressentir une paix intérieure délicieuse.

Aujourd’hui, quelques mois après, on peut dire qu’il y a eu des étapes. Le repos puis le plaisir de profiter du voyage pleinement et aujourd’hui le sentiment qu’on peut imaginer le futur avec un regard neuf.
  • Que veut-on faire ? Comment ? Il s’agit d’imaginer le quotidien pour conserver un peu de cette tranquillité retrouvée, tout en revenant dans la « vraie » vie.
  • Comment valoriser notre CV ? Le mien est en l’état de brouillon et mes photos portraits sont ratées, en fait ça me fait rire, je sens que les choses vont se mettre en place. Chéri quant à lui est à fond, il squatte le PC pour des recherches liées à son/ses futur/s business.
Luang Prabang, Laos

On discute beaucoup – on a le temps !-, on refait le monde, on imagine, on rêve. Car dans 4 mois, on rentre. Envie de profiter de ces derniers mois de liberté et en même temps, l’idée de rentrer fait son chemin et nous fait plaisir. L’impact du voyage, le bonheur de se remplir d’ailleurs, de beauté, de sauvage, de différent, permet d’imaginer le retour, plus serein, les batteries rechargées. Retrouver notre "chez nous", revoir nos amis, nos familles… on se réjouit même de bosser ! Incroyable, non ? ;-)…

Pour combien de temps, on verra, mais en tous les cas, à mon petit niveau, je ressens à nouveau cette petite flamme magique qui me faisait vibrer lorsque j’avais 20 ans et que tout me semblait alors possible.

Et ça, c’est bon…Si ce n'est pas le bonheur, ça y ressemble furieusement...

7 commentaires:

  1. J'aime! J'aime! J'aime! Merci pour vos mots si justes... Ils ont touchés mon coeur de mère, d'épouse et de femme active bientôt quarantenaire.... Merci pour ce partage si intime et profond.... Ça donne vraiment envie de faire un gros break.... Merci....

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  2. Et bien voilà tu as encore trouvé les mots qui font du bien.... Merci

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  3. @ Fab et Aless: oh oui, un break ça fait du bien, c'est clair, ça remet en place les idées. perso, j'en avais bien besoin, biz

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  4. je donnerai n'importe quoi pour comprendre le sens profond de lâcher prise, mais j'aime pas voyager? je me sens mal loin de chez moi, je ne pense qu'au retour et je n'apprécie qu'une fois rentrée! d'ailleurs, tu as vu ma scoumoune de m... alors que je viens de booker des billets pour le Japon? trop beau! bref, ma petite évasion par procuration, c'est ton blog! merci! et profite de ces quatre mois, ils vont filer comme de rien!

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  5. @ Polly: suis super triste pour le Japon, tous ces gens, c'est horrible...

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  6. @ Nouchka: merci pour le gentil message :-), bonne suite

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