mercredi 6 octobre 2010

Kilomètres, bourrelets et bonheurs

Que le temps passe vite ! On est arrivés hier à Las Vegas et je n’ai rien écrit depuis des lustres. Non pas qu’on soit stressés, simplement entre l’école aux enfants, les repas et la route à faire, plus les excursions à organiser la moindre, les jours passent rapidement. Il me semble même qu’ils se succèdent de plus en plus vite. Alors petit retour en arrière…

On est partis de San Francisco en camping-car le 28 septembre. Objectifs : descendre la célèbre route 1 jusqu’à Los Angeles, puis rejoindre Las Vegas, Zion Park et Bryce Canyon un peu plus loin. En route on s’arrête quand on veut, où on veut, en fonction du moment, rien n’est réservé comme emplacement de camping. (Parfois l’ambiance est grandiose comme à Big Sur, d’autres fois on se demande ce qu’on fout là - comme aux Dunes RV, qui est franchement morose comme camping, mais qui offre l’occasion de découvrir des dunes de sable magnifiques.)

La route 1 (Hwy 1) est carrément bluffante, mythique, surprenante, changeante. On est sous le charme (voir les photos ici si jamais). Les points forts du trajet : Monterey et son célèbre aquarium, Big Sur et ses oiseaux, les éléphants de mer à Piedras Blancas et les dunes de sable de Pismo Beach. On a pris ensuite la route des vins: la 154 de San Luis Obispo Bay à Santa Barbara. En fait il il y a surtout une ville et ses environs à ne pas rater : Los Olivos. Car la route des vins ne s’étale pas très loin. Pendant qu’on y était on a poussé jusqu’à Solvang, sorte d’OVNI danois kitch posé là qui a l’avantage de proposer des monstrueux gâteaux délicieux. On a malheureusement un peu zappé Santa Barbara, car on devait traverser tout Los Angeles pour échanger notre camping-car pourri - et refoulant des égouts, charmant ! - pour un autre tout beau tout neuf. Après la transaction, somme toute rapide, on a roulé et roulé encore pour ressortir de Los Angeles direction Las Vegas. C’est immense et ça bouchonne sec. Dieu merci les enfants avaient de quoi s’occuper, car on est arrivés seulement à 7 heures le soir à Newberry Springs sur la 40, dans un camping totalement désertique, dans les deux sens du terme. Pour rouler un peu sur la 66, il faut contourner le désert par la droite et cela prend une heure de plus. Qu’importe ! Un p’tit déj’ au Bagdad Café vaut largement le détour ;-)

Pendant que les kilomètres défilent, on a pris l’habitude de papoter avec Yves. Enfin je lui raconte mille trucs, pauvre homme, et il participe du plus gentiment qu’il peut, c’est un mec quand même ;-). Je me mets à refaire le monde, à ré-inventer notre mode de vie, à lui expliquer pour le énième fois à quel point il faut qu’on améliore notre pédagogie éducative, etc. Jusqu’à ce qu’un des enfants se mette à geindre pour une quelconque raison (soif, faim, pipi, frère énervant, objet disparu, problème technique). Là il s’agit de trouver une solution très rapidement avant que tout le monde se mette à s’énerver et ruiner mes théories vaseuses sur l’exemple de patience que nous devons montrer aux enfants (hum). Timo dit que j’ai un principal pouvoir, celui de retrouver en une minute les objets perdus (petite pièce de Lego ultra précieuse, crayon gris avec gomme, personnage Gormiti planqué sous le siège, etc.)

Disons que l’espace réduit augmente facilement les prises de tête et qu’on a tous une sacrée personnalité. Les chiens ne font pas des chats… Mais comme nous sommes des parents formidables, on résiste farouchement à l’envie d’abandonner un enfant au bord de la route – Yes, we can. On met par exemple la musique plus fort dans le camping-car pour éviter de les entendre… ou on les colle une heure devant un film sur notre lecteur DVD portable. Pathétique, je sais, mais je vous mets au défi d’occuper deux p’tits mecs de 6 et bientôt 12 ans pendant 7 heures de route ! Alors, pendant le film, de temps en temps, je leur crie : « Regardez comme c’est beauuuuuuuuuuuu » et ils lèvent parfois la tête pour me faire plaisir. On continue notre chemin, coupables mais satisfaits.

Dans la foulée des blablas, avec Yves on adore se fixer de nouvelles bonnes résolutions (faire des abdos, arrêter les biscuits) puis on décide que non, finalement, on n’a pas très envie de ces contraintes. Y en a tellement dans la vraie vie ! Et le soir, on se fait un petit apéro dehors, devant le camping-car, en cuisant notre steak. Le lendemain on rentre le ventre pour fermer notre pantalon, en faisant quand même une petite grimace discrète, parce que y a plus sexy que les bouées de sauvetage… Et on se dit qu’on se mettra au régime en Asie, enfin si on en a envie…

Le voyage favorise le lâcher prise. Adieu coiffeur, balance et hauts talons. Rien n’est moins sûr que le résultat final, il va peut-être falloir m’envoyer dans une clinique très chère afin de me reciviliser avant que j’ose remettre les pieds dans le monde strict et slim du monde du travail. Et j’espère que chéri va continuer à m’aimer un peu, malgré ma tête hirsute, ravie, mais hirsute. Loyal jusqu’au bout, il a décidé d’accompagner mon attitude laxiste et on a choisi ensemble de ne plus se couper les cheveux pendant une année. On se rase la moindre quand même, on se lave, on met une culotte propre, tout ça, tout ça, mais le reste on laisse à l’état brut. Advienne que pourra. Tant qu’on ferme le pantalon de voyage, ça va….Chéri va-t-il fuir un jour dans les bras d’une jolie petite jeunette, mince et siliconée ? Peut-être. On verra bien.

En attendant, quel plaisir de pouvoir se laisser aller à vivre, tout simplement. Après toutes ces années de stress, de régimes ratés, de timing flippant entre enfants, nuits blanches, études, écoles, pédiatres et boulot. Juste profiter des paysages, manger du pain perdu au Bagdad café, boire une bière le soir, rigoler le matin avec les enfants et plaisanter avec chéri, le long des routes du désert… D’ailleurs, j’ai lu dans le Marie-Claire Canada que ce qui déprime les gens ce n’est pas la vie quotidienne mais les efforts incessants que l’on doit fournir pour ressembler au modèle fixé par les diktats de notre société. Et ce sont les femmes les plus touchées. Femmes séduisantes, mères de famille équilibrées, amantes aimantes, travailleuses disciplinées, etc. Alors, fuyons le temps d’une année tout ceci et PROFITONS ! Notre voyage est génial, magnifique. Notre seul challenge est d’arriver à vivre ensemble (et c’est pas toujours facile), alors essayons d’y mettre toute notre énergie ;-)

Aujourd’hui ce sera Circus Circus avec les enfants, puis les rues de Las Vegas à la tombée de la nuit, spectacle au Bellagio…

Les photos suivront. Bises

6 commentaires:

  1. Tain ma Topie comme il est bien ton article, entre fou-rire et frissons.
    Vous êtes trop forts, profitez un max, et tu t'en fout, le jeans boyfriend est à son apogée, fuck le slim, NA !
    Love

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  2. Elle a raison Karo, pantalon ample effleurant à peine el sol, jupe à godet, gilet qui planque le bedon... pis Sophie, tu es un rayon, non un soleil ! de diou, ça me touche ce post (comme d'hab, vos mots, distance, votre recul, mes prises de tête ( des connasses croisées au travail, tu vois le genre ou d'autres trucs de trop humains)...
    en fait, cette philosophie faudrait l'appliquer tout le temps. faire ce dont on est obligé (travail enfants) le reste, pfff par dessus la jambe.
    Me réjouis de vous lire bientôt !

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  3. @ Karo et Sarah: merciiiiiiiiiiiiiiii, vous aime

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  4. Enfin de vos news, j'adore, Merci pout ton humour et ta sensibilité. Bon pour vous rassurer certaines choses je les fais ici sans voyage autoure du monde, un DVD pour être tranquille y a rien de tel.... et les pantalons amples y a rien de plus confort. A tout bientôt la smala. Bisous

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  5. @ Aless: merci pour ton message, nos discussions et râleries sur la vie de famille me manquent ;-), à bientôt et gros bisoux.

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  6. hey! étais sur la même route il y a presque 1 an (le camping car et les enfants en moins... les bourrelets, heu, chais pas). cool de redécouvrir ces paysages à travers vos mots et photos. une bise d'ici. bonne route et bon vent

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