jeudi 7 juillet 2011

Expé Gunung Ledang, à l’arrache (Sophie et Tine)

Récit de Mom

La fin du voyage approche. C’est le moment ou jamais de filer pour une dernière escapade entre filles. Nous confions les petits loups à Papa poule Yves et filons vers la gare des bus. Objectif : deux jours de nature, escalade du mont Gunung Ledang, à priori rien de difficile, 1200 et quelques mètres d’altitude. Un premier bus local nous amène à Muar, un 2e bus encore plus lent et pourri nous dépose au milieu de nulle part. Le chauffeur nous fait signe « Straight, go straight… ». C’est la zone, il n’y a rien, 32°, nous partons à pied sur la route qui file entre des rangées de palmiers. Des panneaux montrent le sort réservé à tout péquin qui pénètre dans les plantations : abattu sans sommation ! Des chiens sauvages errent au loin. Je sors mon bâton de nordic walking, on ne sait jamais. Deux kils plus loin, péage d’entrée de la réserve nationale, nous voici à la réception de l’hôtel : c’est immense, et il n’y a … personne. Ca fait un peu centre pour secte. Deux mecs, trois mots d’anglais : « Name, passeport, pay first ! » Nous comprenons rapidement que nous sommes chez les chinois qui ont, vous l’aurez compris, un très grand sens de l’hospitalité.

On s’installe dans notre chambre : franche odeur de moisi, draps douteux…pas grave, on en a connu d’autres avec Sophie. A la piscine, toujours personne. Tentative d’organiser notre trek du lendemain. Impossible de trouver un guide, de savoir le prix, les conditions… nos deux compères de la réception ne savent rien. On se dit que ça le fera à la « one again » et qu’on se débrouillera le lendemain. Comme il n’y a rien aux alentours, nous mangeons au resto de l’hôtel. Toujours personne. Sauf un vieux chinois tout jaune, les yeux globuleux et rouges, qui nous demande péremptoirement notre n° de chambre : il aimerait boire du vin ou du whisky avec nous et un de ses potes …dans notre chambre. C’est le boss de l’hôtel ! Là, ça commence à se gâter, franchement, ce coin est glauque. On file dare dare se coucher après avoir vérifié 25 fois si on a bien fermé la porte de la chambre clé. On envoie un texto à Yves pour lui dire que tout va bien !

Le lendemain, petit déj imbouffable, riz immonde et saucisses dégs, on se pointe à la réception pour trouver un moyen de transport jusqu’au bureau des guides. Surgit un 2e chinois, qui nous propose de nous y conduire, contre la modeste somme de 75 RM, en clair 25 balles pour faire 5 kils. « Decide quickly, because I have a lot of things to do, and pay first ». Il nous largue au Seven, on s’achète deux litres d’eau, des amandes et des biscuits, y a rien d’autre. Au bureau des guides, nous remplissons des papiers pour déclarer tous nos biens, y compris notre slip et soutif. Des fois qu’on les oublierait derrière un arbre, on devra payer 5 RM pour chaque objet non rapporté. Là, ça commence à bien faire. Mais comme Sophie et moi sommes aussi obstinées et têtues l’une que l’autre, on se la coince et on y va. Ce treck, on veut le faire ! Notre guide est une charmante étudiante musulmane, avec voile noir, t-shirt vert, training et pantoufles de gym. Elle file d’un pas allègre, toutes les trois minutes, elle nous dit « ok ? ». Au départ, 790 marches, suivies de 900 m de dénivelé. Sophie se chope un coup de chaud et moi je me vois partir pour « Rinjani 2 », je ne dis rien, mais c’est dur-dur ! La jungle est dense. On en bave, mais notre score sera très honorable. Comme il fait horriblement chaud, qu’on a rien mangé et que la dernière partie consiste en escalader de gros blocs de granit, on décide de redescendre, après avoir passé un chouette moment avec Lynn, notre guide, charmante, attentionnée, gaie. Au passage, près le la rivière, je me fais attaquer sournoisement par une sangsue. Lynn nous dit que de temps en temps, on peut voir un ours ou un cobra royal et que, dans ce cas, il ne faut pas oublier de rester très calme !!!!!!!!!!!!!

De retour au bureau des guides, contrôle de nos effets, bouteilles d’eau, papiers, sacs plastics, fringues. Ouf, tout est en règle. Le chintok n° 2envoie un de ses sbires nous récupérer, on file à la piscine pour se détendre, après avoir tenté de se faire masser les pieds dans le centre de spa, où nous trouvons …5 vieux chinois en train de se faire tripoter dans une piaule sombre et glacée. Deux minutes plus tard, 5 jeunes malais déboulent, ils mâtent Sophie à mort et lui font moult signes tout-à-fait clairs sur leurs intentions. On se terre dans notre chambre, petit souper rapidos, des fois que le chintok n° 1 réapparaîtrait, douche, dodo, et au lit. Cette fois on met la chaise devant la porte ! On envoie un 2e texto à Yves pour lui dire que tout s’est bien passé.
Le lendemain matin, on négocie un plat de fruits frais contre les saucisses infâmes, on s’enfile un café et on repart à pied. A peine arrivées sur la grande route, le bus arrive, on monte, le chauffeur chante, il est fasciné par mes bâtons de nordic walking et … par le sourire et les beaux yeux bleus de Sophie !

Voilà, c’était une belle escapade, qui nous a fait renouer l’espace de quelques jours avec les trucs foireux, les plans B, la débrouille, le culot et l’immense plaisir de sortir des sentiers battus !

PS. Dans les bus malais, il y a de très gros cafards et des tas de contrôleurs véreux. 

Quelques photos de notre virée


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