lundi 11 juillet 2011

Bilan du tour du Monde

(Texte de chéri)

Voilà, la boucle est bouclée. Il faut sérieusement penser à la suite, à notre vie en suisse, au travail, à l’école de nos petits loulous, en bref, au retour à la vie dite normale. C’est le moment aussi de faire le bilan de ce voyage. Bilan de cette folle aventure à quatre pendant une année, de ce voyage un peu dingue que j’ai adoré, mais où j’ai un peu souffert aussi. Pour ceux qui ne le savent pas encore, je n’ai pas toujours très bon caractère, supporte mal la frustration et il y a pleins de choses que je n’aime pas. Mais plus que tout, je n’aime pas : avoir chaud (bien vu les 7 mois en Asie à 35 degrés, avoir faim (si je mange pas, je peux vite tourner insupportable), les moustiques (une année de moustiques, moi content !), et attendre (on a beaucoup attendu, du coup maintenant ça va mieux). Sophie ne devait pas être dans son état normal quand elle m’a proposé de faire ce voyage, d’ailleurs j’ai toujours pas compris pourquoi elle l’a fait et pourquoi j’ai dis oui !!!

Mais une des questions qu’on va probablement nous poser plus d’une fois car elle suscite déjà de l’intérêt chez les gens qui nous entourent, c’est « Qu’est ce que ce voyage a changé dans notre vie, dans notre façon de penser et de voir les choses ? ». En réalité, ce n’est pas si simple de répondre à cette question et je pense qu’il nous faudra probablement un peu de temps pour pouvoir y donner une réponse précise. Il nous faudra aussi du temps pour digérer et réaliser ce que nous avons vécu pendant une année, car nous avons vu tellement de choses que j’ai des fois de la peine à me dire que nous avons vraiment fait tout ça.

Des souvenirs, bien sûr qu’il y en a pleins, des découvertes culinaires dans pratiquement tous les pays (le maïs bio de Roxanne au Canada, la traditionnelle soupe de nouilles Pho du Vietnam, le massaman curry et le coquelet grillé de Thaïlande, la fondue See-Food du Cambodge, le poisson frit et le cheese cake du Laos et les crevettes fraîches d’Australie), des belles découvertes (le Québec et son peuple si incroyable de gentillesse, la descente en campig car de la côte ouest en Californie, la grande découverte des pays de l’Asie du sud-est, le Laos qui restera la plus belle surprise de ce voyage et mon coup de cœur personnel et encore l’Australie qui est toujours aussi magnifique), des belles rencontres aussi (merci à toutes les personnes rencontrées lors de ce voyage avec qui nous avons partagé un bout de chemin et merci à ceux qui sont venu nous voir depuis la suisse) et des moments magiques (quand je me suis retrouvé avec Timo à moins d’un mètre d’une otarie sauvage dans la mer à San Diego, la première traversée de piscine d’Arno quand il a appris à nager à San Francisco, quand je me suis baigné avec un éléphant en Thaïlande avec Lilou et Marcos, quand nous avons joué dans la rivière avec des moines à au Laos, ma première vague surfée en Australie et notre nuit en amoureux avec Sophie dans un Relais & Châteaux à Bali pour notre anniversaire de mariage). J’en oublie sûrement plein d’autres, mais ceux-ci sont ceux qui me viennent en tête.

Le revers de la médaille de notre voyage, c’est que j’ai réalisé à quel point notre planète est fragile et polluée, le vrai problème du manque d’eau dans certains pays et l’énorme quantité de déchets plastiques qu’il y a un peu partout dans le monde. Dans nos pays on y réfléchit depuis quelques temps, on sait que ces problèmes existent, mais vu que chez nous ça va pas trop mal, on s’en fout un peu. Mais ici, c’est une autre histoire, l’eau manque cruellement dans plein de pays et c’est comme par hasard ces mêmes pays qui vivent au milieu de leurs déchets. En Suisse, on pose notre sac poubelle sur le trottoir ou dans le container et puis voilà c’est fini, on y pense plus. Mais là, il n’y a pas de camion qui passe alors on lance les déchets un peu partout, derrière la maison, dans le caniveau ou encore mieux, dans la rivière (déchets, poubelles, excréments, animaux morts et cadavres finissent dans les rivières), comme ça c’est plus propre et comme ils disent là-bas « la mer est grande ! ». Bref, tout ceci pour dire que ce n’est pas jojo et que ça fait peur. Mais il est vrai aussi que leur problème principal c’est de trouver du boulot pour survivre et pour manger, alors les poubelles ne font pas vraiment partie des priorités !

Il faut vraiment que nous ayons une prise de conscience générale sur notre façon de consommer et sur la façon dont nous épuisons les ressources de notre planète. Comme le dit très bien Pierre Rabhi dans son dernier livre « Manifeste pour la terre et l’humanisme », « il est temps que nous prenions conscience de notre inconscience ». Oui je sais, dit comme ça fait un peu rubrique catastrophe du Matin. Mais après avoir voyagé pendant une année et vu tellement de choses, de pays, de gens, de situations et de conditions de vie, et quand je vois ce que nous faisons de notre terre, je m’inquiète et me demande quelle planète allons-nous laisser à nos enfants et à nos petits enfants ? Nous n’apprenons rien de nos erreurs, nous reproduisons encore et toujours les mêmes choses, nous pensons qu’à faire du profit immédiat et qu’à notre confort personnel, sans penser aux conséquences futures et aux ressources limitées qui sont à notre disposition. C’est à nous maintenant de montrer l’exemple et de faire quelque chose. C’est à nous d’arrêter de consommer des fraises cultivées en Espagne avec des produits chimiques interdits en Europe. C’est à nous de veiller que les commerçants locaux survivent face aux monstres machines alimentaires et commerciales de notre pays. Si nous commencions par aller acheter nos fruits et nos légumes chez le paysan local au lieu d’aller bêtement à la Migros ou à la Coop acheter des produits sans goût, pauvres en vitamines et en minéraux et de plus, bourrés de produits chimiques qui finiront par nous rendre tous malade, se serait génial et croyez-le, ça changerait pleins de choses…

Tout n’est pas noir non plus, nous avons croisé des gens magnifiques et des associations qui se bougent et qui essaient de changer les choses ou du moins de les rendre meilleures avec leurs propres moyens. Et malgré ce tableau un peu sombre (dixit Sophie), j’ai espoir que l’homme réussisse à sauver notre planète. J’ai vu tant de sourires et de joie de vivre sur tellement de visages que j’ai envie d’y croire. Envie d’espérer qu’un jour ceux qui nous dirigent réalisent le potentiel offert par notre planète et se donnent les moyens d’en faire quelque chose de bien. J’espère juste que ce n’est pas un rêve éveillé !

En conclusion, Sophie et Timo sont partagés entre le plaisir de rentrer et la tristesse de vivre la fin d’une grande et belle aventure, et d’une vie de rêve pendant une année. Arno et moi sommes heureux de rentrer, heureux d’avoir vécu cette belle année et vu tant de choses, mais très heureux de retrouver notre chez nous. Ce qui m’aura le plus manqué à part la nourriture, c’est les amis, le sport avec mon frère, les ballades en montagne, notre belle ville de Nyon et son lac, notre appartement, mes BD et nos séries DVD. Ce voyage m’aura permis de vivre des moments magiques avec Sophie et les enfants, probablement de grandir un peu aussi, d’ouvrir les yeux sur une certaine réalité, de relativiser les choses et d’apprécier les choses simple (ce matin nous nous sommes extasiés et réjouis devant un rouleau de PQ dans la salle de bains, objet peu courant dans les toilettes asiatiques), j’ai aussi pris conscience de l’importance de protéger notre planète, de vraiment faire un effort pour manger mieux et surtout, ce qui n’est pas rien, de trouver enfin ce que je voulais faire de ma vie. Je ne sais pas comment on va vivre ce retour en suisse, mais ça va être cool et je me réjouis de vous revoir…

Les dernières photos, deux jours sur l'île de Sentosa, calme et repos avant le retour...

4 commentaires:

  1. re-Bienvenue. La vie est pleine d'étapes, d'apprentissage et de moments intenses (positivement ou négativement). Vous en avez eu un concentré pour 1 an, bon retour et bonne digestion à vous.

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  2. Hello,
    Welcome home avec tout cela comporte comme atterrissage dans l'actualité.
    En effet, comme dit mon collègue, il faut bien digérer ces 365 jours de dépaysement... Mais, je vous fais confiance pour absorber tout ceci. Tu sais Yves, ce qui serait bien est de continuer ton blog, on verrait mieux tes nouveaux réflexes... Bon, après 12 mois, on n'a peut être plus envie d'ecrire. Bon retour.
    Marcos

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  3. Le retour devait être difficile mais il est bon de prendre du recul par rapport à ce qui s'est passé et voir que cela a été plus que positif et très enrichissant !

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